paracha vaera

C’est en référence à ces quatre expressions que nous prenons le soir de Pessah les quatre coupes de vin.

D. annonce d’emblée que la finalité de ces mécanismes de délivrance n’est autre que notre accession au rang de peuple de prédilection.

Aussi, afin d’accéder à cette éminente fonction, le futur peuple juif doit-t-il procéder à une véritable préparation spirituelle. Or, à la veille de la sortie d’Egypte, le peuple juif se trouve dans une piètre situation spirituelle. Aux dires de nos maîtres, ces derniers ont atteint les 49 degrés d’impureté. Comment donc imaginer dans ces conditions un tel destin.

C’est la raison pour laquelle, conformément aux termes du verset, D. s’applique lui-même à opérer cette délivrance sans le moindre intermédiaire, en s’affranchissant de l’intervention d’un quelconque ange : « C’est Moi en personne qui vous sortirai d’Egypte, c’est Moi en personne qui vous délivrerai ». Seule une proximité aussi forte de l’Eternel avec nous était en mesure de nous extirper de cette profonde impureté.

C’est également la raison pour laquelle l’Eternel précipite la délivrance, évitant ainsi le naufrage définitif des enfants d’Israël. Ils ne pouvaient plus rester un instant de plus dans cet univers hostile à toutes ces valeurs préconisées par la Thora.

 

Le soir de Pessah, nous mentionnons ces deux éléments dans la Hagada : D’une part, c’est l’Eternel lui-même qui s’est chargé d’opérer ces délivrances et non un ange ; d’autre part D. a accéléré les événements menant à la délivrance.

Toutefois, une question persiste. Pourquoi donc notre exil, celui que nous vivons depuis près de 2000 ans, ne subit-t-il pas le même sort ? Ne sommes-nous pas autant menacés d’extinction spirituelle voire plus que nos ancêtres ? Pourquoi ne vivons-nous pas une accélération des événements nous menant à l’avènement du Messie ? Possédons-nous des armes suffisantes pour lutter contre le danger de l’assimilation ?

Le Or Hahaim dans Chemot, dans un illustre commentaire, souligne qu’il existe une différence majeure entre notre génération et celle de la sortie d’Egypte. Peux n’avaient pas encore reçu la Thora. Ils ne possédaient donc pas encore la seule et unique arme leur permettant de lutter contre les affres de l’assimilation. Face à cette menace, seule une intervention divine soudaine permit un sauvetage in extremis. Par contre, nous, nous avons eu le privilège de recevoir et de pratiquer la Thora, elle est notre atout exclusif pour mener un combat de tous les instants contre les dangers de l’assimilation. C’est pourquoi, chaque instant d’étude de la Thora et de pratiques de mitsvoth revêt une dimension exceptionnelle dans notre vie d’exilés. C’est par le biais de cette étude que nous nous prémunissons de toutes ces influences ; c’est elle qui après 2000 ans nous permet à la stupéfaction de tous d’afficher haut et fort la fierté de notre identité juive.

 

Dans le contexte sanitaire économique et social extrêmement tendu que nous vivons, profitons malgré tout des quelques instants de liberté qui nous restent pour nous cultiver afin de nous renforcer dans nos convictions de pouvoir afficher haut et fort, le moment venu notre attachement viscéral à notre identité, jusqu’à l’avènement de notre délivrance.