Le Grand Rabbin de France : Haïm Korsia

Mes chers amis,

Pessah est le temps du retour de l’espérance. Par-delà tous les préparatifs de la fête, nous avons en tant que rabbins, notre préparation spirituelle et communautaire. Il y a tant à faire.
Et pourtant, nous devons donner du sens à tous ces moments.

Alors que nous nous apprêtons à commémorer la sortie d`Egypte, nous allons surtout nous remémorer notre capacité à nous abstraire de tout ce qui nous enferme. L`Egypte est le symbole de l’étroitesse, selon l’étymologie même du mot Egypte en hébreu, Mitsraim. Nous devons retrouver le ressort moral, la force de nous extraire du quotidien, recréer de la confiance, en l’Eternel et en nous, et nous permettre d’affronter toutes nos prisons contemporaines.

A Pessah, avec la liturgie familiale de la table, on apprend aux enfants à questionner, à questionner les anciens, les anciens des anciens, à l’image de ce très beau verset : « Interroge ton père, il te racontera, tes anciens ils te diront » (Dt XXXII ; 7). Ceux-ci répondent en lisant la Haggadah, avec les symboles de la nourriture disposés sur le plat du Seder. Le récit et le partage, au cœur des traditions de Pessah, sont aussi un moyen de se libérer. L’utilisation de la parole permet en effet d’écarter illusions et malentendus pour se rapprocher de la réalité et donc de la vérité. Nous dirions aujourd’hui, une forme de storytelling qui donne sens à notre histoire.

Nos ancêtres ont été esclaves, mais ils ont su, avec abnégation et courage, sortir de leurs geôles et recouvrer la liberté. Ils ont su se tenir, au pied du Mont Sinaï, comme un seul homme et avec un seul cœur. Oui, unis, ils ont reçu le message universel qui leur était transmis avec les Tables de la Loi, afin de le mettre en pratique et d’en devenir les porte-parole dans le monde.

La force du peuple juif est de ne jamais dépeindre son destin de manière doloriste, mais de continuer, quelles que soient les circonstances, à porter l’espérance et la joie, qui sont notre marque. Notre époque peut se raconter dans la souffrance, mais elle peut aussi se vivre dans l’Espérance. C’est à ce choix que nous pousse la fête de Pessah.

Le judaïsme français a toujours porté en lui la force de croire en son avenir et en sa vocation à contribuer au développement et la prospérité de la Nation. A cet effet, je vous encourage une nouvelle fois vivement à vous mobiliser massivement le 24 avril prochain, pour réaffirmer et garantir le respect de nos valeurs humanistes de solidarité et de fraternité.

Que cette fête de la Délivrance soit celle de la Libération complète et voit l’avènement d’un temps de fraternité et de bonheur.

Pessah Casher Vessameah, Bonne fête de Pessah à toutes et tous et que nos prières nous transforment.