DVAR THORA RABBIN NEZRI SPECIAL PESSAH

Dans ces versets, D. annonce très clairement que les plaies envoyées sur l’Egypte n’ont pas pour unique but de délivrer le peuple juif. L’objectif final de ces prodiges est bien plus édifiant. Il s’agit de faire acquérir à tout un chacun bien plus que la foi en l’Eternel : la connaissance de D. . Aussi, D. ne se suffit-Il pas d’une seule et unique plaie afin d’abattre définitivement l’Egypte. D. décide de multiplier les prodiges, de frapper la terre, l’eau, les airs, la faune et la santé de tout être. Cette diversité dans le châtiment va inculquer à tout un chacun suivant sa sensibilité la connaissance d’un D. créateur du monde, omnipotent et omniscient, exerçant Sa Providence.

Ainsi, à l’issue des dix plaies, chacun y a trouvé son compte. Celui qui ne fut point impressionné par la plaie de sang, le fut par celle des sauterelles. Les plus dures de caractère et les plus insensibles attendirent les dernières plaies afin d’être impactés. Au terme de cette délivrance, chacun put clamer haut et fort sa foi en D.

Pourtant, le terme de foi, Emouna, n’apparaît à aucun moment dans le texte évoquant les dix plaies d’Egypte. Il faut attendre le point culminant de la sortie d’Egypte, c’est-à-dire le miracle de l’ouverture de la Mer Rouge, pour que la Thora mentionne explicitement au sujet d’Israël la foi en D. : « Israël vit la main puissante dont l’Eternel avait usée contre l’Egypte, et le peuple craignit l’Eternel ; ils eurent foi en l’Eternel et en Moïse son serviteur ». (exode 15-31)

 

Pourquoi donc avoir attendu l’ultime prodige pour exprimer très clairement la foi en l’Eternel ? Pouvons-nous penser un instant que nos frères restèrent indifférents aux dix  plaies d’Egypte, voire à la plus terrible d’entre  elle : la mort des premiers nés ? Ce passage de la Thora nous donne l’impression que jusqu’à la traversée de la Mer Rouge, certains doutaient encore et que cet ultime miracle mit fin à toute spéculation.

En fait, nos rabbins expliquent qu’il existe deux types de foi. Une foi résultant d’un raisonnement philosophique, où voire même scientifique. Une croyance découlant d’une démonstration implacable. Il s’agit d’un premier niveau de Emouna qui n’est pas sans danger. En effet, toute démonstration contradictoire pourrait ébranler notre foi. Telle était le niveau de Emouna acquis aux termes des dix plaies d’Egypte.

 

Par contre, lorsque D. a opéré le miracle de l’ouverture de la Mer Rouge, nous avons atteint un niveau de foi exceptionnel, transcendant finalement la foi elle-même : la connaissance sensorielle de l’Eternel. Le verset ne proclame-t-il pas au moment de la traversée de la Mer Rouge : « Voici mon D. et je Le célébrerai » (exode 15-2). Le montrant du doigt, les enfants d’Israël ont désigné, très clairement le créateur qui s’est dévoilé comme jamais au moment de ce miracle. Nous le lisons dans la Hagada :  « Avec une grande crainte : C’est le dévoilement de la présence divine ». Nous le disons également tous les soirs dans la prière de Arvit :

« Ta royauté, tes enfants l’ont vue en traversant la mer ». Qui a ressenti au plus profond de son être la présence de D. a atteint un tel niveau de Emouna que plus rien ne peut venir perturber sa foi. C’est là le sens de la déclaration faite au sujet des enfants d’Israël témoins du miracle de la Mer Rouge : « Ils ont eu la foi en l’Eternel ». C’est-à-dire ils ont atteint le niveau optimal de foi en D. : la connaissance de D.

Nous aussi, nous sommes en mesure d’accéder à un tel niveau dès lors que nous nous investissons dans l’accomplissement des Mitsvot et dans l’étude de la Thora. Plus nous nous dévouons dans notre sacerdoce, et plus nous ressentons cette chaleur spirituelle qui nous envahit, cette joie profonde d’un autre ordre qui nous saisit : ce vécu ne fait qu’attester que nous étreignons par notre pratique religieuse, les ailes de la Providence.

Aussi, nous est-il demandé de nous investir pleinement dans chaque Mitsva que nous accomplissons. Le zèle et l’entrain que nous y mettons développent en nous inévitablement  une émotion d’un autre ordre révélatrice de notre proximité avec l’Eternel. Nous embrassons alors la connaissance de D.

 

Profitons de ces fêtes de Pessah pour communiquer ce zèle et cet entrain, dans la pratique religieuse et dans nos usages, à nos enfants et à nos petits- enfants. Transmettons- leur ainsi cette connaissance de l’Eternel dont nous nous prévalons à travers notre investissement religieux.

En cette veille de Pessah, nous prions pour que l’Eternel mette fin à nos souffrances, qu’Il apporte guérison et santé à tous les malades, et qu’Il nous ouvre les portes de toutes les délivrances.

 

Le Rabbin Yaacov NEZRI